Les datacenters sont au cœur de toute activité cloud. Comme nous l’avons expliqué dans un précédent article, ils sont répartis selon différentes classifications. Mais certaines idées reçues peuvent induire en erreur des entreprises.
D’après le cabinet Xerfi, 156 datacenters sont basés en France (étude de mars 2018). L’Île-de-France compte 56 hébergeurs et gestionnaires, dont les plus importants. Ils sont classés selon différents niveaux et certifications. Ces dernières sont délivrées par l’Uptime Institute. Il a créé le système de classification TIER afin d’évaluer de manière cohérente les différentes installations du datacenter en termes de performance potentielle et/ou de temps de disponibilité.
Mais quelles garanties apportent réellement les certifications TIER ? Ces différents niveaux de classification permettent de retenir un datacenter en particulier en fonction des besoins ou exigences propre à une entreprise ou organisation.
Les performances et les capacités de l’infrastructure d’un datacenter doivent donc correspondre aux spécificités d’une application métier ou à des impératifs. Une université a des exigences de performance moins fortes qu’une clinique.
Autre exemple : un petit cabinet d’avocats peut se contenter d’un TIER I tandis qu’un site de e-commerce à grande échelle devra s’appuyer sur un TIER III ou IV.
Enfin, un éditeur d’applications en mode SaaS qui réplique ses données ailleurs peut ne pas avoir besoin d’une installation de niveau III ou IV.
C’est la règle majeure : retenir le « bon » datacenter pour éviter de surinvestir ou, au contraire, de prendre trop de risques. Et bien sûr, ne pas croire certains mythes ou préjugés.
#1 – Le TIER IV est la meilleure certification des datacenters
Non. Cela n’a pas de sens. Le TIER IV n’est pas nécessairement la meilleure réponse pour toutes les organisations.Tout dépend des critères prioritaires retenus par la direction.
Les TIER I et II sont des solutions généralement axées sur le coût de revient et le temps de mise sur le marché plutôt que sur les exigences de performance (temps de disponibilité).
Mais si une entreprise souhaite bénéficier de temps de disponibilité et de viabilité à long terme, elle retiendra des niveaux III et IV.
Dans une installation de niveau III, chaque composant peut être mis hors service selon un planning (maintenance par exemple), sans affecter l’environnement critique ou les processus informatiques.
Les solutions de niveau IV sont encore plus robustes. Chaque composant et chaque connexion peuvent supporter une panne, une erreur ou un événement imprévu sans affecter l’environnement critique ou les processus informatiques.
#2 – Les certifications TIER spécifient un temps d’arrêt estimé par an
Non. L’Uptime Institute a supprimé les références au « temps d’arrêt prévu par an » de la certification TIER en 2009. De toute façon, elles n’ont jamais fait partie des définitions des certifications. Il existe cependant des outils statistiques destinés à prédire la fréquence des défaillances et le temps de récupération.
Il faut néanmoins être prudent avec l’utilisation de ces outils. L’activité humaine n’est souvent pas prise en compte.
#3 – Toutes les unités de refroidissement d’une installation TIER IV doivent fonctionner
Non. Le refroidissement est en effet un critère important pour les gestionnaires de datacenter. Mais la certification TIER IV exige seulement que les installations fournissent un refroidissement stable à l’environnement durant tout le temps nécessaire aux systèmes mécaniques pour qu’ils redémarrent après une panne de courant.
Ces TIER doivent également maintenir un environnement thermique stable pendant toute la durée du redémarrage mécanique et durant 15 minutes, conformément aux directives thermiques de l’organisme de normalisation ASHRAE (American Society of Heating, Refrigerating and Air conditionning Engenineers).
#4 – L’emplacement du datacenter affecte le niveau
Non. Bien qu’il s’agisse d’un facteur critique pour l’infrastructure, la localisation n’a pas d’incidence sur la certification. Néanmoins, les gestionnaires de datacenters doivent mettre en place différentes mesures afin d’atténuer les risques spécifiques à un site. Un centre de données situé dans une zone à haut risque sismique doit intégrer des équipements spécifiques.
Quant aux infrastructures installées dans une zone à haut risque de tornade, elles doivent être conçues de façon à protéger les équipements électriques contre les rafales. Il convient aussi de limiter les rejets de chaleur à l’extérieur. Une couche d’air chaud et humide surmontant une masse d’air froide peut être à l’origine d’une tornade.
#5 – Les certifications ne s’appliquent qu’aux installations récentes
Non. Uptime Institute a certifié de nombreux bâtiments existants. Mais le processus peut s’avérer plus difficile lorsqu’il s’agit d’auditer des installations dont certaines activités monopolisent beaucoup de ressources.
Au final, le choix d’un datacenter dépend surtout de la criticité de l’entreprise et de la façon dont elle prévoit d’utiliser le cloud dans sa stratégie à long terme.